I. Descendre dans l’abîme
8. Speed race.
Dans les sous-bois, la chasse est ouverte. Sandrane s’harnache par velcro à sa planche. Elle active ses caméras 360° qu’elle porte en permanence. Un regard furtif par-dessus l’épaule : confirmation. Drone militaire, c’est sûr – semi-autonome – à voir. Elle est probablement déjà verrouillée. Une IA d’interception agit au milliardième de seconde. L’étage armé est probablement confié à un humain. Hybride cerveau-machine/doigt-humain = mort certaine. Et d’autres drones ont dû décoller pour la prendre en tenaille. Si elle reste dans cette logique de fuite/esquive, elle est cuite. Là tout de suite, la solution elle l’a pas. Et le terrain la désavantage. Agir, elle doit agir. Sandrane s’accroupit et entame des manœuvres aléatoires contre-intuitives. Elle doit perturber l’algorithme, l’empêcher d’anticiper. Elle frôle les troncs, se prend des gifles et des griffures à chaque branche mais ça marche. Elle retarde l’inéluctable. Pour l’instant.
Quelque part dans le monde un centre de calcul entre en ébullition. L’IA s’adapte. Les projectiles sifflent de plus en plus près des oreilles. L’un lui frôle une tempe. La mort est là. Devant, derrière elle, tout autour. Elle doit se décider, maintenant, à 80km/h car le drone l’a jetée dans un entonnoir balistique.
Soudain elle dévie brutalement. Sortie des bois, direction le jardin botanique qui tombe à pic. Plus qu’une centaine de mètres à travers les allées florales, plus que cinq secondes et elle pourra racheter un peu de vie.
Elle s’engouffre dans l’entrée et se plaque aussitôt contre le mur. Trois secondes. Coup de skate en pleine trajectoire. Elle enchaîne. Penalty en pleine tête. L’engin se désarticule, il s’écrase sur le mur et sans qu’il puisse atteindre le sol Sandrane lui claque la porte dessus une fois, deux fois, vingt fois. Pour être sûre. Le drone est démembré.
Les visiteurs du jardin sont éberlués, on est loin du thème plantes et batraciens placides. Sandrane se précipite dehors craignant d’autres drones mais, rien. Les gens hurlent et tombent parterre comme des mouches près du drone qui émet un son de cocotte-minute. Au mieux du gaz soporifique, au pire du mortel se dit Sandrane. Son cortex intuitif parie sur le premier. Elle se bouche le nez, ramasse son skate et emballe l’oiseau de l’apocalypse dans de l’alu froissé. Pareil avec son mobile. Son kit zéro traceur. Elle saute sur sa planche et trace vers la ville. Direction Doc Déglingo, le père, l’ingénieur, le déviant qui fabrique ses jouets.

< 7. "Alerte"

I. Liste des sections

9. "Adrénaline" >
Reste au courant de la vie de cette histoire! 🙂
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