I. Descendre dans l’abîme

2. Blog à part.

Bastion raccroche sans un mot. Le pouce de Sandrane reste scotché sur l’écran noir de son mobile. Elle se précipite sur les sites news qui titrent tous « L’affaire des sorcières de la colline, maintenant une réalité »

« Non mais sans déconner… » murmure-t-elle.

Elle ouvre en vitesse un nouvel onglet et lance le site « Protéine Cosmique », un site obscur dans lequel sont régulièrement postés des des récits barrés au possible, généralement accouchés par des complotistes créatifs et des écrivains sous psychotropes. Un fourre-tout foisonnant de talents qui abrite pas mal de lanceurs d’alerte qui déguisent des scandales réels en récits fictifs pour qu’ils soient déterrés par d’autres. Ce sont ceux-là que consulte Sandrane. Régulièrement. Pour flairer les coups fumants, les connexions cachées, pour relier la fiction à une réalité qui la mènera vers du frisson. Et du pognon.

Elle clique fébrilement sur le lien hypertexte « Canis horribilis », le blog collaboratif le plus sulfureux du moment. L’histoire se déroule à l’ancien refuge animalier situé en périphérie de la ville. On y découvre un groupe de vieilles femmes célibataires qui se sont installées dans le bâtiment désaffecté pour y vivre en communauté afin de fuir la solitude.

Très vite le blog vire en démence créative et gagne au passage de dizaines de milliers de lecteurs tous les mois. Chacun des fragments de texte ajoutés à la « protéine de base », tagués « Canis horribilis », faisaient montent l’audience en flèche et rire Sandrane nerveusement. Il faut dire que dès la quinzième page la petite communauté de vieilles filles dégénère en véritable ministère ecclésiastique zoophile qui en vient à élever des labradors sélectionnés et manipulés génétiquement pour satisfaire ses plaisirs lubriques. L’un d’entre eux est même proclamé virtuose. En plus d’être un travailleur du sexe doit devenir mâle inséminateur. Il leur en faut plus, toujours plus.

Du nectar délirant dont Sandrane savoure chaque goutte qu’elle réutilise sans modération pour emmerder dans la vie réelle les « dames bien comme il faut qui n’ont pas besoin des hommes ». Celles qui commentent la vie de tous les autres et qui posent des questions à la con. Faut dire que Sandrane est particulièrement douée pour l’impro. Et avec Protéine Cosmique elle dispose d’un véritable arsenal d’ogives nucléaires qui bouillonnent en soute.

Comme elle aime à dire : « Choquer les connasses c’est mon péché mignon »

Dans les derniers fragments de « Canis Horribilis » la fondatrice du refuge finit par le quitter avant d’y revenir pour perpétrer une boucherie sans précédent dans l’histoire du continent. Elle passe tout le monde au canon scié, décidée à en finir avec cette zoophilie sordide qu’elle ne supportait plus d’assumer. En quittant les lieux, elle signe sur le porche d’entrée sa sentence glaçante en lettres de sang. « Sales putes perverties, vous crevez par là où vous avez péché ! »

Le cerveau de Sandrane s’électrise, il chauffe. Son monde se remet en marche. Et c’est pas bon signe.

I. Liste des sections

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